lundi 21 mars 2011

Fond de rang.

J'ai croisé en fin de semaine mon ancienne voisine à l'épicerie. Appelons-la Marie-Lise. J'y reviendrai. À la lueur de tous les souvenirs qui sont remontés à la surface lorsque je l'ai saluée, j'en conclus qu'il allait de soi que je vous partage un petit bout de ce petit bout de ma vie.

Il y a 4 ans, nous vivions dans le fond d'un rang de terre, là où il y a davantage de moustiques qui piquent que de gens sympathiques. Un coin de gens plutôt démunis, pots de cafés Maxwell House sur la galerie en guise de cendriers, "chars scraps jackés dans le fond de la cour", chats errants se reproduisant et se multipliant plus que les humains et bien sûr, Marie-Lise, ma voisine immédiate du temps.

Marie-Lise vivait avec son mari dans une roulotte colorée par des lumières multicolores. Chez eux, c'était Noël 12 mois par année. La radio accrochée dehors laissait échapper à toute heure du jour des beats rétros, que l'écho me rapportait gentiment chez moi. Une clôture qui m'allait à la mi-jambe délimitait le territoire de ses 10 poules qui pondaient à fond la caisse elles aussi 12 mois par année. Ti-Cou!!Ti-Cou!! faisait-elle pour les appeler lorsque j'allais lui rendre visite avec mon fils pour recevoir ma douzaine d'oeufs.

Donner des oeufs, tel était le plaisir de Marie-Lise. Lunettes fumées, gilet de coton ouaté fluo, casquette du Garage chez Bédard, cigarette éternelle à la main, cette femme était la plus heureuse. Elle ne travaillait pas. Elle s'occupait de ses poules. Elle s'occupait de son terrain, orné d'une rocaille de fleurs de plastique, de libellules et d'abeilles tournant leurs ailes au gré du vent. La petite vie, pas trop de soucis, la belle vie.

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